Florence Dodin, secrétaire générale adjointe de l’UNSA

« Il faut donner aux élus et syndicats, la possibilité d’utiliser les outils numériques pour entretenir le lien avec les travailleurs »

Qu’est-ce qui vous a amenée à orienter votre parcours professionnel vers le champ des relations sociales ?

Après quelques mois au sein d’un syndicat étudiant, j’ai démarré ma carrière d’enseignante tout en m’engageant à représenter les élèves-maîtres pendant mes années de formation professionnelle. Une fois titularisée, cette envie d’être au service de mes collègues en les conseillant et les accompagnant mais aussi en les défendant, ne m’a jamais quittée. Par la suite, j’ai rencontré des responsables syndicaux qui m’ont fait part de leur vision du syndicalisme et des valeurs de solidarité et de justice sociale que je partageais. Ils m’ont proposé de m’inscrire sur leur liste aux élections professionnelles et c’est ainsi qu’a débuté cette aventure humaine. Par la suite, je me suis tournée vers l’interprofessionnel et des années après, j’apprécie toujours autant de rencontrer les différents acteurs du dialogue social, confronter les points de vue, défendre mes convictions mais surtout construire des propositions utiles et efficaces pour les salariés. 

Quel regard portez-vous sur le dialogue social depuis le début de la crise provoquée par la pandémie de covid-19 ? Quelles sont les évolutions souhaitables pour l’avenir et quelles seraient les pratiques à conserver ?

La pandémie a fait basculer du jour au lendemain le dialogue social dans un mode « tout distanciel ». Le e-dialogue a été un révélateur du dialogue social préexistant et a permis de faciliter la gestion de la crise, lorsque ce dernier était auparavant de qualité, respectueux, loyal et transparent. Pour autant, cette période a été très difficile. Il a fallu trouver des solutions dans des temps très courts, alors que le passage au CSE avait déjà diminué les moyens syndicaux. Du côté des élus et des délégués syndicaux, cela a amplifié leur perception d’un dialogue social dégradé. Malgré cela, les acteurs ont été poussés à agir ensemble et ont ébauché main dans la main des réponses à la crise.  

Avec du recul, je considère que tout n’est pas à traiter à distance. Même si des études ont montré qu’il y a moins de jeux de posture et que les débats sont souvent plus cadrés en visio, certains sujets méritent de passer par du présentiel, notamment pour leur complexité et des questions de off et d’humain.

Pour la suite, je pense qu’il faut donner aux élus, aux syndicats, la possibilité d’utiliser tous les outils numériques pour entretenir le lien avec les travailleurs qui a été distendu par la crise et le développement du télétravail. Il faut également renforcer les formations communes entre les représentants de l’employeur et les syndicalistes. Cela se pratique déjà mais encore trop peu. Il est nécessaire de réinventer une formation avec plus de rencontres avec les partenaires syndicaux, pour expliquer ce qu’ils font, ce qu’ils sont et pour désamorcer les a priori qui perdurent. Mieux se comprendre est une clé pour mieux construire et répondre aux enjeux, comme celui de l’écologie.

Vous êtes adhérente de l’association Réalités du dialogue social dont la vocation est de promouvoir le dialogue social. Pourquoi est-ce si important pour vous ?

Il faut encore et toujours valoriser le dialogue social. Il existe au sein de Réalités du dialogue social une volonté partagée d’écouter, d’essayer de comprendre ce que veut son interlocuteur, côté syndical comme patronal. Cette association engage à faire preuve d’ouverture d’esprit afin de ne pas s’enfermer dans ses propres certitudes. Les rencontres et les échanges organisés entre acteurs du dialogue social permettent de confronter les points de vue et donc de réfléchir ensemble à des grands sujets qui traversent les collectifs du travail. L’association permet également de prendre en compte les appréciations, la vision de l’autre partie et ainsi de tracer des pistes, de trouver des solutions partagées. Cette plus grande connaissance de l’autre permet de s’enrichir mutuellement. 

Avez-vous vu un film, écouté un podcast ou lu un livre que vous recommanderiez à la Communauté Réalités du dialogue social ?

Le monde sans fin de Jean-Marc Jancovici et Christophe Blain. C’est un ouvrage sous forme de BD qui est très accessible et traite des questions énergétiques et de l’impact sur le climat. Il permet d’appréhender des notions complexes et donne à réfléchir aux changements profonds auxquels nous sommes confrontés et à leurs conséquences. Il pousse à s’interroger sur ce que l’on peut faire à son niveau dans ce contexte-là. Je recommande grandement.



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