Jean-François Poupard, directeur relations sociales & supervision de l’emploi du groupe VYV

« Je ne préconiserais pas de tenir les réunions de négociation ou de CSE à distance. »

Qu’est-ce qui vous a amené à orienter votre parcours professionnel vers le champ des relations sociales ?

Dès la fin de mes études, j’ai intégré Syndex, cabinet d’expertise auprès des représentants du personnel ; mon parcours professionnel s’est donc placé dès l’origine dans le champs du dialogue social. J’ai pu y observer le fonctionnement de très nombreuses IRP, depuis le Comité d’Entreprise de PME jusqu’au Comité d’Entreprise Européen de multinationales. En devenant dirigeant de Syndex, je me suis ensuite retrouvé moi-même dans la posture de président de CE et CHSCT, ainsi que négociateur d’accords d’entreprise.

Après mon départ de Syndex, j’ai naturellement souhaité poursuivre dans le monde du dialogue social, en devenant directeur des relations sociales d’un groupe mutualiste en cours de constitution et en tant que négociateur patronal pour la branche Mutualité.

Quel regard portez-vous sur le dialogue social depuis le début de la crise provoquée par la pandémie de covid-19 ? Quelles sont les évolutions souhaitables pour l’avenir et quelles seraient les pratiques à conserver ?

Comme beaucoup, j’ai été frappé de constater que le dialogue social ne s’est jamais interrompu et que les différentes parties ont fait preuve d’un grand esprit de responsabilité. Les crispations sont d’ailleurs apparues plutôt dans des secteurs ou des entreprises où le dialogue social préalable à la crise connaissait déjà des difficultés. Ceci démontre je trouve, le rôle essentiel du dialogue social lors des crises, ainsi que l’importance d’un dialogue de qualité préalable : il est trop tard quand la crise est là pour se soucier du dialogue social et des représentants du personnel !

Dans les pratiques à conserver, je ne préconiserais pas de tenir les réunions de négociation ou de CSE à distance : la rencontre physique me semble indispensable à la bonne tenue de ces réunions. En revanche, des réunions de commissions, des préparatoires syndicales, des groupes de travail paritaires pourraient tout à fait se tenir davantage à distance. Cela réduirait la fatigue liée aux déplacements en lien avec l’exercice des mandats syndicaux, et faciliterait l’accès de ces mandats à des salariés qui s’engagent peu à l’heure actuelle pour des contraintes familiales (jeunes parents, aidants…).

Vous êtes adhérent de l’association Réalités du dialogue social dont la vocation est de promouvoir le dialogue social. Pourquoi est-ce si important pour vous ?

Echanger avec des pairs, s’ouvrir aux autres, être à l’écoute de ce qui se passe autour de soi, me semble absolument indispensable, en particulier dans le cadre de ma fonction de directeur des relations sociales ! Et bien entendu, après la période que nous venons de traverser, ce besoin est encore renforcé par l’envie de se retrouver, et Réalités du dialogue social permet tout cela à la fois.

Avez-vous vu un film, écouté un podcast ou lu un livre que vous recommanderiez à la Communauté Réalités du dialogue social ?

Parmi mes sorties ciné récentes, Les 2 Alfred, des frères Podalydes. Ce film pointe l’absurdité d’un monde où les rapports humains seraient de plus en plus désincarnés au profit des interfaces machine. Finalement une ode à la force et la nécessité du lien humain et donc du dialogue social sous toutes ses formes.



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