Patricia Drevon, secrétaire confédérale de FO

« La libre négociation entre employeurs et syndicats permet de ne pas laisser à d’autres le soin de décider à notre place »

Qu’est-ce qui vous a amené à orienter votre parcours professionnel vers le champ des relations sociales ?

J’aime à dire que les chiens ne font pas des chats. Dès mon arrivée en tant que comptable chez Cerfrance, un gros réseau associatif de comptabilité pour les agriculteurs, j’ai adhéré à FO. Issue d’une famille de militants, l’engagement syndical était pour moi une évidence. J’ai rapidement pris des mandats en tant qu’élue du personnel, puis au sein de mon union départementale en Isère, notamment pour y préparer les élections aux chambres d’agriculture. J’ai rejoint la fédération FGTA-FO en 2015 pour m’occuper du pôle agriculture d’abord, en tant que chargée de mission, puis secrétaire fédérale. Avec l’élection de Frédéric Souillot au congrès de Rouen à la tête de la confédération en 2022, j’ai été élue au bureau confédéral, pour prendre en charge l’organisation, les affaires juridiques et les Outre-mer. Mon secrétaire général a l’habitude de me présenter comme la « ministre de l’intérieur » de l’organisation !

Y a-t-il des faits marquants, des réalisations dont vous êtes particulièrement fière  ?

Plusieurs faits marquants : au sein de la FGTA-FO, j’ai été en charge de l’agriculture, secteur où la négociation se faisait sur les départements avec plus de 150 conventions collectives territoriales. Un projet de convention collective nationale est né fin 2019 avec la restructuration des branches. Il a fallu 18 mois de négociation pour parvenir à une convention socle qui permette aux conventions collectives locales de perdurer avec une véritable hiérarchie des normes, dans ce secteur de la production agricole qui couvre près d’un millier de salariés. Les conventions collectives locales sont devenues des annexes territoriales de la CCN nationale.

Sur un autre secteur, j’ai pu négocier la mise en place d’un accord prévoyance complémentaire en cas d’arrêt maladie et invalidité dans le secteur des abattoirs de volailles, c’est un secteur dans lesquels les conditions de travail sont particulièrement difficiles.

Et enfin, tout récemment, c’est un grand pas en avant d’avoir pu obtenir dans l’ANI sur le dialogue social, la fin du plafonnement des trois mandats successifs au CSE, et ainsi avoir pu mettre un premier coup de canif dans les ordonnances de 2017.

Vous êtes adhérente de l’association Réalités du dialogue social dont la vocation est de promouvoir le dialogue social. Pourquoi est-ce si important pour vous ?

Tout au long de mon parcours syndical, j’ai été amenée à négocier à différents niveaux : dans mon entreprise d’abord, au niveau de la branche et récemment au niveau interprofessionnel sur l’emploi des seniors et l’évolution du dialogue social. Force ouvrière a toujours fait valoir l’importance de la négociation collective, permettant aux salariés d’améliorer leurs conditions de vie et de travail. La libre négociation entre employeurs et syndicats permet de ne pas laisser à d’autres et notamment aux pouvoirs publics avec tous les risques que cela comporte le soin de décider à notre place de l’organisation du travail, de la formation professionnelle ou de droits nouveaux pour les salariés.

Ce cadre de discussion et de construction permis par le dialogue social et la négociation collective a guidé mon engagement tout au long de mon activité syndicale, pour défendre les acquis des salariés et améliorer leurs conditions de travail.

Avez-vous vu un film, écouté un podcast ou lu un livre que vous recommanderiez à la Communauté Réalités du dialogue social ?

J’ai lu récemment La Sage-femme d’Auschwitz, d’Anna Stuart, un livre particulièrement dur sur les camps pendant la seconde guerre mondiale mais qui démontre la capacité de résilience et surtout qui fait dire « plus jamais ça » !