André Milan, ex-secrétaire général de la fédération des transports et de l’environnement à la CFDT

« J’ai envie de transmettre ce que j’ai appris, de promouvoir inlassablement le dialogue social… »

Qu’est-ce qui vous a amené à orienter votre parcours professionnel vers le champ des relations sociales ?

En premier lieu mon éducation, sans doute, avec des parents très sensibles à l’injustice et à toutes formes de racisme. Je me suis très tôt intéressé à la politique au sens de l’intérêt commun et des actions pour le faire valoir.

Ensuite, un environnement professionnel à la SNCF, marqué par un fort ancrage social et des valeurs de service au public. Enfin, des rencontres professionnelles qui m’ont permis d’explorer différents métiers comme la communication, les finances, les RH.

Des rencontres syndicales, d’où mon engagement. J’ai exercé des mandats dans l’entreprise, puis nationalement en dirigeant la fédération des transports et de l’environnement, auparavant de l’Équipement, de la CFDT.

La fédération des transports est générale : elle regroupe la totalité des secteurs du transport, de l’aérien aux remontées mécaniques, et elle est mixte, réunissant les secteurs public et privé. J’y ai travaillé aux côtés d’agents du ministère de l’Équipement, qui avaient déjà, au début des années 2000, une sensibilité pour l’environnement. Je m’y suis intéressé à leur contact ; désormais, mon engagement porte essentiellement sur la transition écologique. 

Y-a-t-il des faits marquants, des réalisations dont vous êtes particulièrement fier   ?

J’ai initié, il y a 20 ans, le virage vers l’environnement de la fédération des transports CFDT. Quand, en 2008, j’en suis devenu le secrétaire général, j’ai poussé la fédération à prendre en compte les volets économique, social et environnemental. Cela a été un long chemin de croix car cela ne constituait pas encore une priorité pour la majorité des élus. Puis nous avons changé de nom, passant de la « fédération générale des transports et de l’équipement » à la « fédération générale des transports et de l’environnement ». 

Aujourd’hui ce sujet fait partie intégrante de la politique revendicative de la fédération. C’est inhérent au travail syndical. 

Je suis également fier d’avoir favorisé, au cours de ce mandat, et non sans mal, la prise de responsabilité des jeunes dans l’organisation syndicale. Un autre point de satisfaction est d’avoir obligé les dirigeants d’entreprise à assumer leurs responsabilités sociales lors de licenciements massifs.

Vous êtes adhérent de l’association Réalités du dialogue social dont la vocation est de promouvoir le dialogue social. Pourquoi est-ce si important pour vous ?

J’ai envie de transmettre ce que j’ai appris, de me confronter aux réalités d’aujourd’hui dans le monde du travail, de promouvoir inlassablement le dialogue social qui est, pour moi, un facteur important de réflexions et d’actions favorisant l’émancipation et la justice sociale. Dans le cadre de mes différentes fonctions, j’ai eu la chance de côtoyer des dirigeantes, moins égocentrées que les hommes et qui pratiquaient le dialogue et les relations sociales de manière plus humaines sans oublier leur autorité. Elles s’intéressaient plus à l’humain qu’à la satisfaction de leur égo. 

Avez-vous vu un film, écouté un podcast ou lu un livre que vous recommanderiez à la Communauté Réalités du dialogue social ?

Je pense à un podcast réalisé par Laurence Bali, coach professionnelle, qui s’intitule « jusqu’à nouvel ordre » et qui interroge les ordres établis. Le dernier en date porte sur la génération Z.

Ensuite, un livre lu dernièrement de Pierre Assouline, « Le paquebot », qui se situe aux débuts des années 30 : il permet d’entrevoir l’arrivée de la seconde guerre mondiale dans le regard et les convictions de femmes et d’hommes privilégiés socialement. Un récit salutaire face aux dérèglements du monde d’aujourd’hui. 

Enfin, un autre livre de Daniel Andler « Intelligence artificielle, intelligence humaine : la double énigme », qui, pour résumer, nous démontre que l’intelligence artificielle connaît et résout les problèmes quand l’intelligence humaine connaît et résout les situations.



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