27 Juin Dorian Jarjat, avocat associé de Renaud Avocats – Lexicube Social
« Le dialogue social permet de faire en sorte que tout le monde soit heureux de travailler »
Qu’est-ce qui vous a amené à orienter votre parcours professionnel vers le champ des relations sociales ?
Je me suis orienté vers le droit social très tôt. Il s’agissait pour moi d’un sujet à la croisée de divers domaines qui m’attiraient. D’abord, le collectif, car j’y suis sensible, puisque lorsque les relations sociales se passent bien cela permet des avancées en matière sociale importantes qui impactent directement le bien-être des salariés. D’autre part, l’aspect entrepreneurial, dans un sens large, c’est-à-dire comment des organisations vont créer de la valeur économique et de l’efficience. En abordant les relations sociales, il m’a été permis d’observer le rôle clé du dialogue comme vecteur d’épanouissement, qu’il soit commun ou individuel.
En effet, nos lieux de travail sont généralement les espaces de sociabilité au sein desquels nous passons la majorité de notre temps. Si le management y est optimal, chacun peut s’y épanouir. Cela m’a attiré de pouvoir contribuer à apporter de la fluidité, à garantir le développement de chacun et de permettre à la richesse de se créer dans et pour le bien général.
Y-a-t-il des faits marquants, des réalisations dont vous êtes particulièrement fier ?
Un des aspects les plus importants au cours de ma carrière a été d’accompagner les restructurations des entreprises. C’est un temps difficile à traverser pour les uns et les autres, à la fois du côté des salariés qui les subissent, mais aussi pour ceux qui doivent porter les restructurations, notamment dans les fonctions RH et de direction. Pour les projets que j’ai accompagnés, aucune situation contentieuse ne s’est déclarée, et j’en suis fier. Cela signifie qu’il y a toujours eu un consensus minimum qui a été atteint. Pour moi, c’est cela aussi faire vivre le dialogue social et les relations sociales, aller au-delà des antagonismes qui peuvent être présents, des intérêts divergents et d’arriver à trouver un socle commun.
Une autre facette qui m’apporte de la satisfaction est d’avoir développé une relation très partenariale avec les DRH, car je ne fais quasiment pas d’intervention « one shot ». Mes clients sont accompagnés sur du très long terme ; ce qui me permet de découvrir leur environnement de dialogue social et comprendre leurs enjeux. Je suis heureux d’être un des acteurs qui fait avancer les discussions dans leur entreprise, qui peut amener de nouvelles possibilités et apporter des changements, pour promouvoir la qualité de vie au travail. J’apprécie également le fait de travailler dans le temps. L’encadrement au quotidien permet d’adresser de façon plus globale ce qu’on peut faire pour que ces échanges soient vivants, plus qualitatifs et le plus pertinents possible.
Vous êtes adhérent de l’association Réalités du dialogue social dont la vocation est de promouvoir le dialogue social. Pourquoi est-ce si important pour vous ?
C’est important pour moi car depuis des années, j’expérimente à quel point le regard culturel en matière de dialogue social est particulier en France. Il existe des freins : souvent avec la prédominance d’une attitude conflictuelle, où avoir raison devient plus important. Cette logique contribue à bloquer et pénaliser les organisations, voire à les cliver, ce qui empêche les transformations.
Lorsque le dialogue social est franc et bien structuré, il permet de sortir de ce rapport de force et de se concentrer plutôt sur le commun, et revenir au bon endroit. Cela rend possible un business efficace économiquement, avec des salariés pleinement mobilisés, disponibles pour l’entreprise. Il est nécessaire de passer par des interactions, créer des endroits de confiance où l’on peut se parler et être entendus. En effet, il est difficile de faire bouger le cadre lorsque les personnes ne se sentent pas prises en compte ; cela alimente une forme de malaise. Il y a parfois un manque de parole, une absence d’espace où les individus peuvent s’exprimer. Certaines structures se sclérosent, n’avancent pas, avec des employés en souffrance à cause de cela.
Le dialogue social est la clé du gagnant – gagnant, et il permet de faire en sorte que tout le monde soit heureux de travailler. Mon engagement dans l’association est dû à ce gap culturel, pour contribuer à développer au maximum cette vision, d’aller plus loin, ensemble.
Avez-vous vu un film, écouté un podcast ou lu un livre que vous recommanderiez à la Communauté Réalités du dialogue social
Ma recommandation est un livre intitulé « Les clés du dialogue hiérarchique » de Madeleine Laugeri. Ce livre propose une méthodologie de structure du dialogue dans les organisations, et explique comment mettre en place les bons processus pour que se créent les lieux de dialogue professionnel entre direction et salariés, pour atteindre les objectifs et régler les tensions qui peuvent naître.
Un podcast serait la chaîne YouTube « Dialogues » de Fabrice Midal, qui reçoit des intervenants de tous les champs des sciences humaines et qui permet d’ouvrir des fenêtres vers d’autres approches pour revisiter les problèmes sociétaux du moment. C’est un bel espace d’ouverture des esprits.