Harold Aberlenc, Responsable des Relations Extérieures et des Partenariats de Relyens

« Par essence, les relations sociales se construisent sur un rythme différent de celui des rapports économiques, commerciaux« 

Qu’est-ce qui vous a amené à orienter votre parcours professionnel vers le champ des relations sociales ?

Je suis entré à 23 ans dans une institution de prévoyance, le Groupe Mornay (Klésia) à la direction des branches, c’est une direction commerciale qui a comme interlocuteurs les syndicats patronaux et salariés qui négocient dans les branches professionnelles. J’y ai exercé plusieurs métiers du développement dans les équipes commerciales et marketing. En croisant ces expériences, celle qui m’a paru le plus nourrir mon appétence pour les débats, discussions, pourparlers, tractations… bref, les rapports humains, fut celle de la relation avec les organisations syndicales ; c’est pourquoi j’ai choisi d’évoluer dans ce champ-là. Après quelques années à l’Ocirp, j’ai rejoint les équipes de Malakoff-Humanis puis de Relyens où j’occupe la fonction de responsable des relations extérieures et des partenariats. 

Y-a-t-il des faits marquants, des réalisations dont vous êtes particulièrement fier   ?

Les moments les plus gratifiants sont ceux où j’ai réussi à réunir les représentants des employeurs et des salariés autour des sujets de protection sociale. 

Il y a une dizaine d’années, j’avais organisé un module de formation destiné à l’équipe commerciale régionale du groupe pour lequel je travaillais. Cette session, animée par des organisations syndicales et patronales, s’est tenue à la Bourse du Travail de Saint-Etienne, plus particulièrement dans la salle Sacco et Vanzetti. Ce lieu est très symbolique dans l’histoire industrielle et ouvrière stéphanoise. Jean Jaurès, Aristide Briand y ont prononcé des discours. Elle abrite deux sculptures de Victor Zan, « La Grève » et « Le Grisou » qui donnent corps à l’histoire ouvrière et syndicale. Le sens de cette action, pour moi, était de construire une certitude pour les commerciaux ; que le développement de leur activité commerciale en matière de protection sociale était forcément lié à la qualité et la réussite du dialogue social. Leur réussite dépendrait donc de leur bonne compréhension de ses parties prenantes. 

Vous êtes adhérent de l’association Réalités du dialogue social dont la vocation est de promouvoir le dialogue social. Pourquoi est-ce si important pour vous ?

D’abord, il est important de promouvoir le dialogue social, car c’est le moyen le plus évident pour réunir des gens dont les intérêts sont divergents. Mais la cadence de l’environnement économique dans lequel nous évoluons est de plus en plus rapide. Or, par essence, les relations sociales se construisent sur un rythme différent de celui des rapports économiques, commerciaux. La valorisation du dialogue social, c’est donc la promotion du temps qui est nécessaire à la réalisation des conditions d’équilibre qui devraient présider à de nombreuses décisions. 

Ensuite, pour promouvoir le dialogue social, il doit y avoir des espaces qui le permettent et que les acteurs qui souhaitent partager leur vision, leur expérience, puissent se réunir pour le faire. Réalités du dialogue social permet la rencontre de ces acteurs. 

Avez-vous vu un film, écouté un podcast ou lu un livre que vous recommanderiez à la Communauté Réalités du dialogue social ?

La bande dessinée ayant occupé une part importante de mon temps libre il y a quelques années, deux d’entre elles me paraissent être en lien avec ces quelques lignes. La première, Les Mauvaises Gens d’Étienne Davodeau, qui raconte l’histoire d’ouvriers des années 50 qui, dans une société où l’usine et la religion semblent être un horizon indépassable, se lancent dans le militantisme catholique, puis syndical et politique, sur fond de guerre d’Algérie, de mai 68… un texte riche en savoir et en émotions.  

Ensuite, je pense à une bande dessinée japonaise, Furari, par Jirō Taniguchi. L’auteur y fait l’éloge de la promenade d’un géomètre, dont l’objectif est de tracer une carte de Tokyo en mesurant les distances grâce à ses pas. Évidemment, les pas faits sont techniques, ils ont vocation à mesurer, à servir un projet précis, un objectif. Mais on comprend, grâce à la poésie de l’auteur, qu’ils apportent surtout de nombreuses opportunités, de découvertes et de contemplations. Cela met en exergue que bien que l’importance de la finalité soit réelle, le chemin est en lui-même source de satisfactions. Cela traduit assez bien ce que je pense du dialogue social, et de la nécessité de respecter sa temporalité. Si on laisse le temps au développement des relations humaines, on en tirera davantage de plaisir, d’apprentissages et probablement de résultats qu’en ayant seulement la finalité (souvent économique) en tête. 



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