Zaynab Riet, déléguée générale de la Fédération hospitalière de France

« Le dialogue – et le dialogue social en particulier ! – est une perpétuelle réinvention de sa posture »

Qu’est-ce qui vous a amené à orienter votre parcours professionnel vers le champ des relations sociales ?

Mon engagement professionnel s’est construit, depuis ses débuts, autour de la relation aux autres, des valeurs d’écoute et d’empathie, et de la promotion de l’intérêt général. De mes premiers pas en tant qu’infirmière à mes fonctions de directrice d’hôpital public, et aujourd’hui de déléguée générale de la Fédération hospitalière de France, la notion-même de relations sociales a toujours fait partie de mon quotidien. L’environnement particulier que représente le secteur public hospitalier l’explique en grande partie. C’est un lieu caractérisé par une pluralité professionnelle d’une rare ampleur, où le dialogue est non seulement nécessaire entre les divers corps de métiers, mais également largement intégré dans la culture professionnelle hospitalière. Quiconque s’engage dans le management hospitalier se doit ainsi d’embrasser cette dimension fondamentale de la vie des équipes et des établissements.

L’hôpital public est aussi en constante évolution, avec une dynamique qui s’est même accélérée et densifiée au cours des trois dernières décennies. Ce contexte induit une pratique d’autant plus intense des relations sociales, qu’elle est rendue nécessaire en termes d’accompagnement de ces changements profonds et parfois déstabilisants pour les composantes du corps social hospitalier. Garantir la continuité de son fonctionnement, élément central du service public, est un objectif requérant une concertation permanente et un dialogue social de qualité.

Depuis ma prise de fonctions à la Fédération hospitalière de France, j’ai naturellement un positionnement quelque peu différent, étant amenée à un format de dialogue et d’intervention dans les relations sociales proposant un peu moins en proximité et un peu plus institutionnalisé. Pour autant, mon regard reste le même. En tant que femme de dialogue et représentante de l’ensemble des établissements publics de santé – et en conséquence de leurs équipes –, je porte à un niveau élargi les valeurs du service public hospitalier et mon engagement de toujours pour des relations sociales constructives, dynamiques, porteuses de progrès pour notre système de santé au service des patients, des résidents et de l’ensemble des usagers.

Y-a-t-il des faits marquants, des réalisations dont vous êtes particulièrement fière  ?

Ce n’est pas une question simple pour moi qui ai connu des modes d’exercice très différents : il n’est pas aisé de faire ressortir une situation plutôt qu’une autre, lorsque celles que l’on a rencontrées sont peu comparables. Je souhaiterais néanmoins en mentionner trois, qui illustrent bien, sous des angles très différents, la force du dialogue et des relations sociales à l’hôpital public.

La première, car elle a marqué notre pays dans son ensemble, est la formidable réponse apportée par nos services publics à la crise sanitaire de la Covid. Face à un phénomène mal connu à ses débuts, qui est venu mettre en cause tous les modes habituels de fonctionnement, les équipes hospitalières ont fait face avec une efficacité et une abnégation remarquables. Le dialogue, à tous les niveaux, entre tous les métiers, a été fondamental pour parvenir à réagir, à s’adapter, à tenir collectivement, dans le contexte et avec les contraintes que l’on connaît. C’est une réalisation hyper collective, dont je suis fière en tant qu’hospitalière depuis toujours.

La seconde est plus institutionnelle. Il s’agit de la négociation des accords dits du Ségur de la Santé. J’y ai été impliquée au premier chef, en tant que déléguée générale du représentant de l’ensemble des employeurs publics de santé. Le résultat auquel nous avons abouti, dans des délais très courts, est à bien des égards historique, en termes de valorisation et de reconnaissance des professionnels de santé du secteur public. Tout n’y est certainement pas parfait, comme dans le résultat de toute négociation. C’est néanmoins un réel motif de fierté, pour la Fédération que je représente, d’avoir contribué de manière déterminante à ce qui constitue sans doute l’avancée la plus importante, en matière de ressources humaines hospitalières, des 20 dernières années, démontrant à cette occasion que le dialogue reste un puissant levier de progrès social.

La dernière me concerne plus personnellement. Il s’agit de ce qu’illustre mon parcours : le fait que l’hôpital public permette de construire des trajectoires individuelles stimulantes et enrichissantes, avec des exercices variés et des progressions réelles. Il le doit profondément à la qualité de ses relations sociales : la gestion de la formation continue hospitalière, en particulier, est un bel exemple de gestion paritaire fluide, responsable et efficace, au bénéfice des professionnels de la Fonction publique hospitalière. Je suis aussi fière de pouvoir l’illustrer que de le défendre au quotidien.

Vous êtes adhérente de l’association Réalités du dialogue social dont la vocation est de promouvoir le dialogue social. Pourquoi est-ce si important pour vous ?

Le dialogue fait profondément partie des valeurs que je défends, et que promeut la Fédération hospitalière de France que j’ai l’honneur de représenter. En la matière, l’ouverture est indispensable, car le dialogue – et le dialogue social en particulier ! – est une perpétuelle réinvention de sa posture, de sa manière de l’approcher et de la façon de le mener. Il est tout aussi important de disposer de moments de réflexion partagée, libérée momentanément des enjeux de rôle à assurer ou de ligne à tenir, avec les acteurs de ce dialogue social dans leur diversité. L’association rend possible tout à la fois de s’engager en faveur de la promotion du dialogue social et de contribuer à son évolution : c’est un apport précieux !

Avez-vous vu un film, écouté un podcast ou lu un livre que vous recommanderiez à la Communauté Réalités du dialogue social

Le podcast de Radio France : « Les Résistantes ».